" Elle appâte les badauds comme un poisson abyssal.

Elle les plonge dans un état euphorique en secouant leur corps dans tous les sens.

Puis elle dévore leurs émotions en prenant soin de n'en laisser qu'une seule. 

L'envie de revenir. "

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La ducasse que je dépeins est presque vide comme si c'était la fin de la fête, la fin de l'enfance.

[ Défaite Foraine ] est une allégorie du passage de l'innocence à la maturité. 

 

Ce lieu imaginaire à la frontière du rêve et du cauchemar vous oblige à retourner dans votre passé, à vous confronter à vos souvenirs d'enfance aigre-doux. Dans cet endroit inspiré de contes et légendes tels que la Bête du Gévaudan, le cheval Mallet ou encore One Piece, le sentiment d'amusement ne peut se dissocier du malaise. Car pendant cette période de transition, nos émotions évoluent pour créer des "sentiments partagés". 

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Le shooting s'est déroulé sur plusieurs nuits étalées sur plusieurs années dans la même fête foraine de Bordeaux, "La Foire aux plaisirs". À chaque fois, je m'y suis baladé seul, sans faire d'attractions, sans manger de sucreries, sans parler à personne. Parfois délibérément, parfois parce que c'était sur le chemin du retour après une soirée. Je pense que cela a influencé inconsciemment mon propos sur lequel j'arrive à mettre des mots aujourd'hui, une sorte de contemplation du passé dans un style que j'appelle le documentaire photo fantastique. Plus je regarde cette série et plus je me rends compte qu'elle a un aspect thérapeutique et autobiographique.

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Exceptionnellement, j'ai choisi de traiter cette série en couleur. Étant donné que ce n'est pas mon domaine de prédilection, j'ai passé un bon moment à faire des expérimentations afin d'arriver à la palette de couleur qui pourrait retranscrire mon idée. Je ne me souviens même plus pourquoi j'ai choisi la couleur sans même avoir essayé le noir et blanc. Aujourd'hui encore, je trouve ça étrange, mais il semble que mon instinct ait vu juste. Les tons chauds et les lumières vives dominent les photos et pourtant, une teinte verte fait planer un sentiment de gêne qui s'accentue dans les noirs qui viennent brûler les ombres. Il y a un aspect architectural dans beaucoup de mes photos, il m'a semblé nécessaire d'apporter du contexte sur ce lieu comme des plans d'ensemble au cinéma. J'ai ensuite dynamisé le séquençage avec des cadrages sur des détails, des textures, des regards et des mouvements comme des flashs de souvenirs.

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Je présente cette série de manière dramatique, mais sachez que je vais aussi à cette fête foraine avec des amis et que mon manège préféré c'est la photo titrée "Fun infini".

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